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les derniers bretons.

rait le clergé léonard par le clergé des villes, frais, courtisan, beau diseur, se tromperait étrangement. Les prêtres bretons, sortis hier de la charrue, laissant encore entrevoir sous l’aube le grossier sayon du bouvier, ont la voix rauque et les mains dures. Couverts de grossières soutanes, en souliers ferrés et le bâton à la main, ils vont par les routes fangeuses, à travers les bruyères inaccessibles, porter aux malades le viatique, aux morts les prières de la rédemption. Ignorans comme ces pêcheurs qui quittaient leurs filets pour devenir des pêcheurs d’hommes, ils ont aussi, comme eux, la foi qui anime la parole et lui donne la puissance du tonnerre. Rien ne peut faire comprendre, à qui n’a point assisté à un sermon breton, l’autorité de ces hommes une fois placés dans la chaire ! La foule palpite, gémit sous leurs paroles, comme la