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les derniers bretons.

dans ses communications avec le monde extérieur ; mais ne le jugez pas sur cette apparence ; sa vie est tout entière repliée au dedans, son enveloppe est comme celle des hautes montagnes, âpre et glacée, mais au fond bouillonne un volcan. Son langage, plus harmonieux, plus mollement cadencé que celui de la Cornouaille, est une espèce de psalmodie dont il altère les sons selon le plus ou moins de douceur qu’il veut donner à sa parole. Il ne connait point les danses folâtres des montagnes ni les vifs jabadaos du pays de Tréguier ; sa danse à lui, conduite par le son monotome du biniou[1] et du hautbois, est roide et sévère. Elle a lieu le plus souvent sur les grèves, au bruit majestueux d’une mer retentissante. Il mêle d’instinct une sainte et grave pensée d’éternité, même à ses joies terrestres.

  1. Le biniou est une sorte de vese ou musette.