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les derniers bretons.

les rues, demi suffoqués par le vin, défiant le mal et criant à Dieu :

— Donne-nous donc le choléra à nous autres !

Et, comme jalouse de sanctionner leur impiété, la maladie passait près d’eux et respectait leur tête.

Les médecins allaient de couche en couche prodiguer vainement leurs conseils : le mal croissait toujours. Deux amis se rencontraient le soir sur une promenade et le lendemain au cimetière, cloués dans leurs bières. La mort venait de partout. On eût dit une population entière sur la brèche, devant un ennemi invisible, attendant le coup, les bras croisés sur la poitrine. Oh ! comme alors les heures étaient longues, les