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les derniers bretons.

de la paroisse, toujours placé au centre du village, et entouré de maisons ; ils secouaient avec tristesse leurs larges têtes ruisselantes de cheveux :

— Les cadavres ne tuent pas ceux qui vivent, répondaient-ils ; la mort ne vient que par la volonté de Dieu.

Enfin, il fallut, pour vaincre leur résistance, avoir recours à l’intervention des prêtres eux-mêmes. Toute l’autorité de ceux-ci suffit à peine pour les faire consentir à cette innovation. Je n’oublierai jamais avoir entendu à Taulé, le recteur, parler long-temps à ce sujet, et leur affirmer, au nom du Dieu qu’il représentait, que les morts n’avaient plus les passions des vivans, et qu’ils ne souffraient en rien de cet éloignement des tombes de leurs ancêtres.