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les derniers bretons.

massacre, attendaient à genoux le coup de hache du licteur. Une seule fois le murmure de la douleur et du mécontentement s’éleva dans nos campagnes : ce fut lorsque, par crainte de la contagion, on voulut inhumer les morts frappés par le choléra dans les cimetières des chapelles isolées.

— Les morts ont droit de dormir près de leur famille, dirent-ils. Et les parens, les amis se rassemblèrent autour du cercueil ; leurs mains s’opposèrent à ce qu’il fût emporté de ce cimetière de la paroisse qui contenait déjà les ossemens de ceux qu’avait aimés le défunt. Ce ne fut même pas sans danger que dans certains endroits les nouveaux ordres de l’administration furent exécutés ; et ces hommes, dédaigneux de disputer leur place dans la vie, disputèrent avec ardeur leur place dans le champ de la mort. Il faut avoir