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Tous applaudissaient évidemment à la clarté et à la précision commerciale de la réponse faite par M. Omnivore. Celui-ci s’en aperçut, et prit une prise de tabac pour donner une contenance à sa modestie.

Mais la glace était rompue, et l’on en vint à des explications moins solennelles. Maurice raconta comment Marthe et lui se trouvaient là, en exprimant le désir de quitter au plus tôt ce lieu funèbre, dont l’aspect attristait sa compagne. M. Omnivore se hâta de faire apporter des vêtements fournis par les fouilles récentes qui avaient été faites dans les ruines du vieux monde, et il se retira, en annonçant qu’il reviendrait prendre ses hôtes.

Il reparut, en effet, au bout d’un quart d’heure, et ne put retenir un éclat de rire à la vue du costume des deux jeunes époux. Il en examina quelque temps toutes les parties, avec la même curiosité qu’un Français du dix-neuvième siècle étudiant la toilette d’un Hottentot. Il fallut lui expliquer l’utilité de cette longue robe de femme qui embarrassait la marche, de ce chapeau qui plaçait son visage au fond d’un cornet, de cet habit d’homme dont les basques pendantes ressemblaient aux deux ailes d’un hanneton malade, de ce pantalon que se disputaient les bretelles et les sous-pieds, comme une victime tirée à quatre chevaux. Marthe et Maurice justifièrent de leur mieux les costumes de leur époque ; mais, après les avoir écoutés, M. Omnivore jeta un regard sur son habillement perfectionné, et ne put retenir un sourire d’orgueil.

Cet habillement avait, en effet, résolu la question d’utilité aussi complètement qu’on pouvait l’espérer. Il ne