lèche avait abaissé son vol, et M. Atout déclara qu’ils étaient rendus.
Devant eux s’élevait un édifice, dont l’aspect participait à la fois de la caserne, du collège et de l’hôpital.
L’académicien leur apprit que c’était la maison d’allaitement.
— Et toutes les nourrices y demeurent ? demanda Marthe.
M. Atout sourit.
— Des nourrices, répéta-t-il ; vous parlez là d’une habitude des siècles barbares !
— Alors, reprit Marthe, les enfants sont élevés par leurs mères ?
— Fi donc ! interrompit l’académicien, ce serait encore pis. La civilisation a fait comprendre la folie d’une pareille dépense de temps et de soins. Ici comme partout, nous avons substitué la machine à l’homme. De votre temps, il n’y avait qu’une université de professeurs ; nous avons agrandi l’institution en créant une université de nourrices. Le nouveau-né est mis au collège le jour de son entrée dans le monde, et nous revient dix-huit ans après, tout élevé. Il serait difficile, comme vous le voyez, de simplifier davantage les liens de la famille. Plus de gênes ni d’inquiétudes ! L’enfant est aussi libre que s’il n’avait point de parents, les parents aussi libres que s’ils n’avaient point d’enfants. On s’aime tout juste autant qu’il le faut pour se souffrir ; on se perd sans désespoir. Les générations se succèdent dans la même maison, comme des voyageurs dans la même auberge. Ainsi a été résolu le grand problème de la perpétuation de l’espèce, en évitant l’association passionnée des individus.
Comme il achevait, la calèche s’arrêta devant un im-