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cage à poules de grande dimension. L’académicien s’aperçut de la surprise de ses hôtes et sourit d’un air satisfait.

— De votre temps les maisons ne se bâtissaient point ainsi ? dit-il, avec une nuance d’orgueil involontaire.

— Pas précisément, répliqua Maurice, cependant nous avions l’édifice du quai d’Orsai…

— Oui, c’était un acheminement, interrompit M. Atout ; mais depuis, l’art a suivi sa voie, et nos architectes sont arrivés au beau idéal du système rectangulaire. La maison que j’occupe a été construite par le plus habile d’entre eux, aussi est-elle regardée comme un chef-d’œuvre. Dans tout ce que vous voyez, il n’y a pas une pierre d’ornement, c’est-à-dire inutile ; quant aux dispositions intérieures, vous pourrez en juger.

On avait atteint le perron qui précédait la porte ; à peine Maurice y eut-il posé le pied, que la marche céda légèrement et mit en mouvement une lanterne qui s’avança pour l’éclairer ; à la seconde marche la sonnette se fit entendre ; à la troisième la porte s’ouvrit d’elle-même.

Dans ce moment les yeux du jeune homme s’arrêtèrent sur une inscription gravée au-dessus de l’entrée :

CHACUN CHEZ SOI.
CHACUN POUR SOI.

— Vous devez reconnaître le précepte d’un des sept sages de votre pays, dit l’académicien, en souriant ; il résume à lui seul toutes les lois de l’humanité. Chacun chez soi, c’est le droit ; chacun pour soi, c’est le devoir. Mais entrez, de grâce, vous avez bien autre chose à voir.

Les deux époux traversèrent une antichambre garnie d’appareils dont ils ignoraient l’usage. Atout leur montra