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cheront désormais en avant, et que les hommes se résigneront à porter la queue de leur robe.

Un bravo général répondit à cette courte explication ; les convives de Mme  Facile s’assirent, et il y eut une assez longue pause.

Enfin, une sonnette se fit entendre ; c’était Mlle  Spartacus qui venait de prendre place sur le théâtre, avec les autres membres du bureau.

À sa vue, quelques applaudissements s’élevèrent, mais sans ardeur et sans contagion. Il était évident que chacune des assistantes se croyait, pour le moins, autant de droits qu’elle à présider l’assemblée, et que sa suprématie paraissait une usurpation.

Cette disposition des esprits se révéla par un long bourdonnement entrecoupé des phrases habituelles.

— Tiens ! c’est ça notre présidente ?

— C’est pas une merveille.

— A-t-elle une robe mal faite ?

— Et quel nez ?

— Eh bien, quant à me révolter, je voudrais avoir un plus joli général que ça.

— Je comprends qu’elle haïsse les hommes, ils doivent bien le lui rendre.

— Attention ! elle ouvre son ridicule.

— Nous allons avoir un discours.

— Ça va-t-il nous ennuyer ! Dites donc, la commandante, donnez-nous donc une prise.

— On avait dit qu’il y aurait eu de la musique et des rafraîchissements.

— C’est toujours comme ça dans tous les programmes, on promet plus de beurre que de pain.