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Ici, le chant copte avec accompagnement de guitare fait son effet, et le soudan s’endort. L’orchestre joue en sourdine pour le bercer, et l’on voit bientôt paraître Kléber conduisant Astarbé, à qui Moïse sert de monture.

Tous trois, séduits par la beauté du lieu, vont se reposer, lorsqu’ils aperçoivent le soudan ! Moïse, qui, en sa qualité de crocodile, est quelque peu vorace, ouvre déjà la gueule pour l’engloutir, mais Kléber s’y oppose et s’écrie :

Arrêtez ! le Français combat ses ennemis,
Mais il ne mange point les soudans endormis !

Il permet seulement à Astarbé de reprendre la babouche, tandis que de son côté il saisit les dépêches.

Moïse, à qui on refuse le dormeur pour son déjeuner, s’en dédommage, le mieux qu’il peut, en dévorant d’abord les confitures, puis le plateau.

Mais le général, qui a ouvert les papiers, vient d’apprendre que l’armée française est à quelques lieues. Au comble de la joie, il s’écrie :

Je reviens, je reviens partager vos misères !
Accourez, grenadiers, chasseurs et dromadaires.

Ni les dromadaires, ni les chasseurs n’accourent ; mais le soudan se réveille, ses gardes arrivent, on entoure Kléber, qui met l’épée à la main et qui, pour exciter Moïse à