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Que fais-tu, vieux soldat qui reçois sans regret
Le temps comme il te vient, la soupe comme elle est ?
Noble simplicité des grands temps homériques,
Où l’on mangeait des bœufs embrochés dans des piques !
Ah ! je veux (mes efforts me fussent-ils mortels !)
À la nage arriver jusqu’à mes colonels !

Astarbé cherche en vain à calmer ce désespoir. Voyant Kléber décidé à partir :

Embarqué sur la nef du courage,


elle se rappelle divers souterrains qui font communiquer les pyramides avec les bords de la mer, mais elle les cherche en vain ; enfin, à bout d’espérance, elle s’adresse aux restes de son père, qui connaissait les issues.

Le mort, s’entendant appeler, ouvre lentement sa boîte à momie, montre la porte secrète, puis rentre chez lui.

Astarbé et Kléber se précipitent dans le souterrain, précédés du caïman, qui remue la queue en signe de joie.

QUATRIÈME TABLEAU.

Le spectateur aperçoit un lieu enchanteur avec la mer au fond, et une île inaccessible dans le lointain. Le soudan est accroupi à la turque sous un bosquet de palmiers, et ses esclaves cherchent en vain à le distraire. On lui sert des confitures de toutes espèces et il ne mange pas ; on lui chante des chansons dans tous les tons et il n’écoute pas ; on lui présente des odalisques de toutes couleurs et il ne regarde pas.

Un officier arrive avec des dépêches relatives à l’armée française ; le Soudan les pose sur son plateau à confitures sans les lire ; enfin, un Éthiopien se présente avec un grand aigle chauve qui a fait l’admiration de toutes les têtes couronnées de l’Afrique, et qu’il vient offrir en présent.