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mes des unions légitimes amenaient la mort de l’un des conjoints ! La conséquence normale du mariage était le suicide ou le meurtre ; les époux ne se laissaient vivre que par exception !

« Telle était à cet égard la force de l’habitude, qu’un mari étrangla sa femme la première nuit des noces, uniquement parce qu’il ne pouvait se rappeler son nom[1].

« Les amants n’étaient guère plus heureux, soit que la femme tuât l’homme pour le rendre plus prudent[2], soit que l’homme tuât la femme pour lui éviter les reproches de son mari[3], soit que tous deux se tuassent à l’amiable et de compagnie, comme on le voit à chaque page dans les journaux du temps.

« Il y avait, en outre, tous les menus accidents : main prise dans une porte, et qu’il fallait couper[4] ; œil crevé par un mari borgne, trop partisan de l’égalité[5] ; marque au fer rouge faite sur le front[6] ; duels périodiques revenant tous les ans au retour des pois verts[7] ; pierres tombant à dessein du haut d’un échafaudage de maçon[8].

« Du reste, ces accidents et mille autres atteignaient indistinctement toutes les classes et tous les âges. Il suffit de lire les Mystères de Paris, cette admirable peinture de la société au dix-neuvième siècle, pour comprendre com-

  1. Voyez la Confession (J. Janin).
  2. Voyez les Mémoires du Diable (F. Soulié).
  3. Voyez Antony (A. Dumas).
  4. Voyez la Grille du château (F. Soulié).
  5. Voyez le Général Guillaume (E. Souvestre).
  6. Voyez Mathilde (E. Sue).
  7. Voyez Rêve d’amour (F. Soulié).
  8. sVoyez l’Histoire des Treize (H. Balzac).