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tion n’est point morte ; l’étude peut la reconstituer, la faire revivre comme les créations antédiluviennes devinées par les inductions de la science.

« La littérature et les arts ne sont-ils point, en effet, le reflet fidèle des mœurs d’une époque ? n’y trouvez-vous point la peinture des habitudes, des croyances, des caractères, des sentiments ? Si nous n’avons que des données fausses sur les peuples qui vécurent autrefois, nous ne devons donc accuser que notre paresse ; une étude sérieuse nous les eût révélés dans leur vérité.

« C’est cette étude que nous avons tentée pour les Français du dix-neuvième siècle.

« Quinze années de notre vie ont été employées à visiter les ruines de leurs monuments, à examiner leurs tableaux et leurs statues, à connaître leurs livres surtout, immense galerie où toutes les individualités du passé s’agitent et se coudoient.

« Le travail que nous avons l’honneur de vous soumettre est le résultat de ces longues recherches ! »

(Ici, le lecteur s’arrêta, sous prétexte de boire ; le public, ainsi prévenu qu’il est à un bon endroit, applaudit.)

« Et d’abord, messieurs, protestons contre le préjugé vulgaire, qui a fait regarder jusqu’ici les Français comme des hommes légers, mobiles, amis du plaisir ; loin de là ! L’étude attentive de ce qu’ils ont laissé nous les montre sombres, passionnés, sanguinaires, toujours la main au poignard ou au poison. Leurs dramaturges, leurs poètes, leurs romanciers, qui ont peint les mœurs du temps, ne laissent aucun doute à cet égard.

« Ainsi, pour ne citer qu’un fait, nous avons calculé, d’après la lecture de leurs œuvres, que les dix-sept vingtiè-