Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/224

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Il s’agissait cette fois des communications faites par les différentes académies.

On lut d’abord un mémoire destiné à éclaircir si les rois pasteurs étaient noirs ou seulement brun foncé ; puis une fable développant cette vérité profonde : que le faible est plus souvent opprimé que le fort ; enfin, une dissertation archéologique relative à l’éperon de François Ier.

Mais ce n’étaient là que les préludes de la séance, le lever du rideau destiné à faire attendre la grande pièce. Enfin, le bibliophile parut au pupitre avec le premier chapitre de son fameux Traité sur les mœurs de la France au dix-neuvième siècle. Cette lecture était annoncée depuis trois mois, et l’on en racontait d’avance des merveilles ; aussi tous les auditeurs se penchèrent-ils vers le bord des tribunes ; le silence s’établit plus complet, et l’académicien commença de cet accent solennel et cadencé qui constitue ce que les bourgeois nomment un bel organe.

§ XVI.

Mémoire d’un académicien de l’an trois mille sur les mœurs des Français au dix-neuvième siècle. — Comme quoi les Français ne connaissaient ni la mécanique, ni la navigation, ni la statistique, et mouraient tous de mort violente par le fait des notaires. — Le gouvernement chargé de composer des épitaphes pour les célèbres courtisanes. — Costume des rois de France quand ils montaient à cheval. — Les noms des auteurs étaient des mythes. — Singulier langage employé dans la conversation.

« On l’a dit bien des fois, messieurs, tant qu’il reste des traces de la littérature et des arts d’une nation, cette na-