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saint Vincent de Paul de la république des Intérêts-Unis, lui accorda, à titre d’encouragement, trois livres de chocolat de santé et un caleçon d’honneur.

Le second candidat était un ouvrier qui, en sauvant une famille à travers les flammes, avait eu la tête broyée sous une poutre et venait d’être trépané. On le compara à Mucius Scévola, et on le gratifia d’un bonnet de coton orné d’une couronne de lauriers.

Un troisième (c’était une femme) avait perdu la vue en travaillant toutes les nuits pour faire vivre son ancien maître. On lui remit une paire de lunettes à l’estampille de l’Institut.

Un quatrième obtint des souliers d’honneur pour avoir successivement sauvé vingt-deux personnes qui se noyaient.

Enfin, plusieurs autres, plus ou moins appauvris, ou estropiés, par suite de leur dévouement, reçurent des gratifications qui varièrent depuis cinquante centimes jusqu’à dix francs.

On couronna également un soldat citoyen, inscrit depuis trente ans sans avoir manqué une seule fois à sa garde ; un cocher arrivé à sa septième femme, et qui ne s’était jamais servi de son fouet qu’avec ses chevaux ; un commis de la caisse d’épargne, toujours poli, et un employé de la bibliothèque complaisant.

Ces deux derniers lauréats furent les seuls dont les vertus parurent invraisemblables, et qui excitèrent quelques murmures d’incrédulité.

On passa ensuite aux prix d’histoire, d’économie politique et de poésie.

En histoire, il s’agissait de décider qui avait eu le plus de