Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce qu’il cherchait dans le ciel se passait chez lui !

Il y eut un moment de trouble général. Blaguefort et Atout se regardaient ; Maurice s’éloigna de quelques pas ; M. de l’Empyrée s’était laissé tomber dans son fauteuil, pâle et effaré.

— Ce n’était pas notre satellite ! balbutia-t-il enfin, atterré.

— C’était votre jardin ! répliqua Blaguefort également stupéfait.

— Ce n’était pas une femme lunaire ! reprit l’astronome

— C’était votre femme ! continua le commis voyageur.

— Tout cela se passait à quelques pas ! continua le savant.

— Et nous avons formé une société pour des télégraphes transaériens ! acheva l’industriel.

M. de l’Empyrée porta les deux mains à son front.

— Ainsi, je n’ai rien découvert ! s’écria-t-il avec désespoir.

— Permettez, interrompit Blaguefort, toujours le premier à retrouver son sang-froid ; ce que vous avez vu n’est pas à dédaigner, et l’on peut en tirer parti. Je ne vous propose pas de mettre la chose en actions ; le progrès des lumières ne nous a point encore amenés là ; mais vous pouvez intenter une action judiciaire, exiger des dommages-intérêts.

— Quoi ! pour ?…

— Précisément.

— Mais qui les payera ?

— L’homme lunaire que je viens de reconnaître, et qui est tout simplement notre ministre de la morale et des cultes, pour le moment hors de l’exercice de ses fonctions !

— Ah ! le traître !