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férais la vue de ma mère à tous les plaisirs ; je m’asseyais à ses pieds sans rien dire, assez heureuse de sentir contre mon épaule les plis de sa robe, et sur mon front son regard. Quand elle mourut, je voulus la rejoindre, je ne comprenais rien de la mort, sinon que c’était une séparation, et je ne voulais point vivre séparée de ma mère. Je m’échappai de la maison, je courus au cimetière, j’allai de tombe en tombe, épelant les noms, et quand j’eus trouvé celui que je cherchais, je m’assis là en disant : C’est moi, mère, ne me renvoie pas !

Le jour se passa sans que je sentisse la faim. Je pleurais d’être seule ; puis je cueillais de grandes herbes dont je formais des bouquets pour ma mère. La nuit vint, je fis ma prière, je criai bonsoir à la morte, et je m’endormis sur sa tombe.

je m’endormis sur sa tombe

Ce fut là que l’on me trouva le lendemain, et ceux qui