Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1846.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion, non-seulement par le mal, mais par la misère. Puisqu’il souffre, c’est lui qui est le roi, vous le serviteur. N’avez-vous donc jamais senti un redoublement de tendresse pour le membre de la famille que la douleur atteint ? Comme sa volonté vous devient sainte, comme on lui pardonne tout : comme on donnerait avec joie une part de sa santé et de ses jours pour le guérir ! Eh bien, le pauvre et le délaissé ne sont-ils point des membres de la grande famille ? Les plus mauvaises mères reprennent quelque amour pour l’enfant malade, pourquoi la société aurait-elle moins de cœur pour ses fils ?

— Parfaitement dit, s’écria le docteur Minimum, qui avait entendu les derniers mots prononcés par Marthe ; j’ai toujours soutenu que l’on ne devait point économiser sur le service des hôpitaux, et que nos appointements devraient être doublés. Mais on méconnaît les véritables besoins. Toutes les ressources de la république sont dévorées par les femmes et par les avocats. Heureusement que l’on a pour consolation le sentiment du devoir accompli… et sa clientèle. La mienne grandit chaque jour, grâce aux succès qu’obtient ici mon traitement. Je lui ai donné le nom de méthode par les infiniment petits, parce que je ne procède que par les atomes ; atomes de tilleul, atomes de fleur d’oranger, atomes de sucre candi. Moins il y en a, plus l’effet est certain. Je prends une molécule d’un corps, quelque chose d’impalpable, d’insapide, d’invisible ; le millième d’un rien ! je le jette dans trente litres d’eau, je mêle, je décante et je fais prendre la lotion par cuillerées. Toute maladie qui résiste à cette médication est positivement incurable, et la mort du sujet ne peut être imputée qu’à son organisation.

Après avoir traversé une partie des salles, les visiteurs