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nouveau système médical, qui consistait à vous donner la maladie que vous n’aviez point encore, et à l’élever en serre chaude pour en hâter le développement. De cette manière, le patient mourait, en général, dès le second ou le troisième jour, ce qui était pour lui une évidente économie de temps.

Quant au médecin, il ne devait se proposer qu’un but, augmenter le mal pour le guérir plus sûrement. Aviez-vous, par exemple, un rhume ? on le transformait en pleurésie : une migraine ? on en faisait une fièvre cérébrale : un étourdissement ? on le poussait à l’apoplexie.

Au moment où les deux époux entrèrent, M. Minimum racontait à son cousin les merveilleux résultats obtenus par cette méthode et le pressait de visiter l’hôpital où il venait d’en faire l’application. M. Atout s’excusa, mais Maurice accepta à sa place, et, après avoir donné rendez-vous à son hôte, chez M. de l’Empyrée, qui les attendait vers le milieu du jour, il monta avec Marthe dans la voiture du médecin.

Celui-ci les conduisit au grand hôpital de Sans-Pair, bâti à l’extrémité du faubourg.

Ils aperçurent, d’abord, d’élégantes galeries entourées de gazons et de bosquets ; c’étaient les salles destinées aux médecins ; puis un édifice somptueux, s’élevant au milieu des fleurs, c’était la maison des sœurs hospitalières ; puis un palais, devant lequel s’étendaient des jardins décorés de grottes, de jets d’eau et d’ombrages ; c’était le logis du directeur.

— La ville a dépensé 20 millions, dit le docteur Minimum, pour faire, de son grand hôpital, un établissement modèle. Médecins, surveillants, administrateurs, sont ici logés et nourris aux frais de la république. Des équipages, toujours