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Maurice poussa une première exclamation d’horreur ; puis une seconde de pitié.

— Ne le plaignez pas, dit M. Atout, qui venait de le saluer, il doit à sa corne le repos, la fortune, la gloire ; tout enfin, jusqu’à cette jolie femme qui est la sienne.

Maurice parut stupéfait.

— Le roi Extra a été longtemps semblable aux autres hommes, reprit l’académicien, et il ne se rappelle ce temps qu’avec épouvante. Vous pourrez, du reste, lire ses mémoires qu’il a publiés en tête de ses œuvres complètes.

— D’autant plus facilement que je viens de les acheter, fit observer M. le Doux, en présentant à Maurice un volume magnifiquement illustré.

Le jeune homme l’ouvrit avec empressement, et comme ses deux conducteurs avaient affaire chez leur banquier, il demanda la permission de les attendre dans la petite allée de céleri qui terminait la promenade.

Le livre du roi Extra contenait, outre ses discours à la chambre des envoyés, plusieurs traités philosophiques, et des poésies élégiaques, adressées par lui aux plus jolies femmes des quatre parties du monde. Le tout était précédé de la préface biographique, à laquelle M. Atout avait donné le nom de Mémoires, et dont Maurice commença immédiatement la lecture.

AU LECTEUR.

« Le 15 août de l’an 1971, des plaintes de femme retentissaient dans une des plus humbles maisons du faubourg des marchands à Sans-Pair. Ces plaintes, d’abord sourdes, puis plus vives, plus douloureuses, furent tout à