qu’une seule aspiration : l’affranchissement ! Le Père Ambroise fut touché de l’énergie à la fois naïve et grave de cet enfant qui avait sans cesse préféré la lutte et la souffrance à l’acceptation silencieuse de sa servitude. Lorsque sa confession fut achevée, il lui adressa quelques conseils, lui donna les consolations que pouvait permettre un pareil moment, et finit par prononcer l’absolution de ses fautes.
Jehan écouta tout avec un recueillement attendri ; puis, revenant aux objets de son affection :
— Quand vous me quitterez, mon révérend, dit-il, retournez, je vous en conjure, vers mon père et vers Catherine ; préparez-les au coup qui va les frapper ! Ne leur dites pas surtout que je regrette la vie, car je ne le devrais point, mais j’étais accoutumé à mes souffrances ; je les oubliais par instant quand je voyais Catherine et mon père heureux ! Hélas ! qui veillera sur eux désormais ! Ah ! Dieu devrait prendre en même temps ceux qui s’aiment, mon père, alors on accepterait de mourir.
Il demeura quelques instants la tête baissée sur sa poitrine, pleurant silencieusement ; le moine prit ses deux mains dans les siennes et prononça d’une voix attendrie quelques paroles de consolation.
— Vous avez raison, vous avez raison, reprit Jehan en maîtrisant son émotion ; Dieu sait mieux que nous ce qu’il nous faut ; peut-être n’y avait-il pour moi aucun autre moyen d’affranchissement : Mors quæ liberat habetur libertas.