le comte. C’était une longue galerie soutenue des deux côtés par des piliers de chêne incrustés de cuivre et d’étain, une table entourée d’une balustrade occupait toute la longueur, et au milieu s’élevait une tour en charpente sur laquelle était posée une torche destinée à éclairer la salle entière ; au fond apparaissait le dressoir chargé d’aiguières et de hanaps d’argent, et à côté les tables de service ; elles étaient couvertes de bassins de viande accommodée à la sauge, à la lavande ou au fenouil : de piles de pains de neuf onces parfumés d’anis, et de pots de vin tiré au-dessus de la barre.
À l’autre bout de la salle, une troupe de musiciens jouait une symphonie dans laquelle se faisaient entendre tour à tour la trompette, la flûte, le chalumeau, le luth et le rebec.
Les convives, au nombre de près d’une centaine, étaient placés selon leur importance : les premiers avaient devant eux des écuelles de vermeil et quelques-unes de ces fourchettes dont l’usage commençait à s’introduire ; ceux qui venaient après n’avaient que des écuelles d’argent, et ceux qui suivaient des écuelles d’étain.
Personne ne prit garde, dans le premier instant, au Père Ambroise. Le varlet qui l’avait amené se contenta de lui montrer un escabeau sur lequel il s’assit, et de lui faire donner un gobelet et une écuelle.
Le franciscain allait commencer à manger lorsque Raoul l’avisa dans un coin.
— Eh ! par la mort du Christ ! nous avons ici une