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le serf.

Catherine laissa le Père Ambroise à la première entrée, le supplia encore de ne rien négliger pour sauver Jehan, et s’assit au bord du parapet en attendant son retour.

Le moine fut introduit dans la cour d’honneur, où les écuyers et les pages s’exerçaient à l’escrime et à l’équitation. On lui fit ensuite traverser les appartements de monseigneur Raoul.

Le luxe intérieur répondait à l’élégance et à la solidité de l’extérieur. Les parquets étaient formés de pierres de diverses couleurs, dont les jointures de plomb et de fer fondu formaient mille arabesques brillantes ; les poutres incrustées d’ornements en étain soutenaient de loin en loin des armes ou des animaux étrangers habilement conservés. Les vitres de verre peint représentaient l’histoire des ancêtres du comte Raoul et la fondation du château.

Quant à l’ameublement, il était tout entier en bois de chêne merveilleusement œuvré et aussi noir que l’ébène ; les salles avaient été tendues de tapisseries d’Arras et garnies dans tout leur pourtour de coffres rouges, de grands bancs à housse traînante, ou de lits larges de douze pieds. De loin en loin, comme preuves d’opulence, étaient suspendus des miroirs de verre ou de métal, grands d’un pied.

Le Père Ambroise admira, en traversant la salle des pages, une horloge dont l’aiguille marquait les minutes et les heures.

Il fut introduit dans la salle à manger où se trouvait