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au bord du lac.

Le moine sourit.

— Le comte Raoul n’est qu’un homme, dit-il, et nous osons tous parler à Dieu. Montrez-moi le chemin, enfant, et surtout hâtez-vous, car la justice des châteaux est expéditive, et nous pourrions arriver trop tard.

Cette pensée fit frissonner Catherine. Elle se mit à courir vers le château, suivie du moine qui avait peine à la suivre.

Ils ne tardèrent point à l’apercevoir : la jeune fille leva les yeux avec terreur vers les fourches de justice qui surmontaient la principale tour ; mais elle n’y vit que les squelettes des deux routiers pendus l’année précédente par ordre de Raoul. Son cœur se desserra, et elle continua sa route d’un pas moins rapide.

Le château de Rillé était récemment construit, et rien de ce qu’enseignait alors l’art de la défense n’avait été négligé par le maître maçon qui en était l’architecte. Il avait trois enceintes garnies de tours, de créneaux et de machicoulis, entourées chacune d’une douve avec pont-levis. Au milieu de la dernière s’élevait le donjon, encore défendu par un fossé et par une herse toujours levée.

C’était là que se renfermaient les archives, les armes, le trésor. Dans la même cour se trouvaient les citernes, les écuries, les caves, et le corps de logis habité par le comte. Au-dessous étaient des souterrains dont l’entrée n’était connue que de lui, et qui, s’étendant jusqu’à la forêt, permettaient à la garnison, en cas de siège, de fuir sans être aperçue.