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le serf.

— Il faut espérer en sa miséricorde, dit le moine d’un ton prouvant qu’il n’en attendait rien lui-même.

— Oh ! non, non, reprit l’enfant en joignant les mains et fondant en larmes ; monseigneur Raoul n’a jamais pardonné dans sa colère ; quand le cœur lui point, il s’en venge sur le premier qui se trouve à la longueur de sa main. Il n’y a plus d’espoir pour Jehan, mon pauvre Jehan !… Et que va devenir le vieux père ? qu’allons-nous devenir tous sans lui ? c’était notre force et notre avenir. Ah ! si vous le connaissiez, mon révérend !… courageux comme un sanglier contre qui l’insulte, et bon comme un chien avec ceux qu’il aime… Et penser que personne n’ose dire la vérité pour le défendre, ni le prévôt, ni le notaire, ni le collecteur… il n’y a que moi et le vieux père qui oserions déclarer que le tort est à l’intendant ; que c’est lui qui l’a injurié, frappé… Mais, pauvres gens que nous sommes, on ne nous écoutera point, et Jehan sera pendu. Ah ! pourquoi ne puis-je le sauver avec tout ce que j’ai de sang !

En parlant ainsi, l’enfant sanglotait et pressait ses mains jointes sur sa poitrine. Le moine fut attendri.

— Conduisez-moi au château de messire Raoul, dit-il, je parlerai pour le prisonnier.

Catherine jeta un cri de joie.

— Est-ce vrai, mon père ? demanda-t-elle éperdue.

— Notre devoir n’est-il point de secourir ceux qu’on opprime ? reprit le franciscain.

— Et vous oserez parler au comte Raoul ?