Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
au bord du lac.

Elle était pleine d’esclaves qui parlaient à demi-voix ; au milieu le correcteur se tenait debout près d’un réchaud allumé ; Norva était accroupie à ses pieds !…

Arvins se précipita vers elle en étendant ses bras ; mais à peine l’eut-il aperçue, qu’il poussa un cri d’horreur ; un nuage couvrit ses yeux, ses jambes se dérobèrent sous lui et il tomba évanoui près de sa mère.

§ 7.


Deux heures après, Norva était étendue mourante sur la natte qui lui servait de couche, ses deux mains posées dans celles de son fils, dont elle murmurait encore le nom. Morgan, la tête basse et les bras croisés, se tenait debout au chevet.

La pauvre mère, qui sentait près d’elle Arvins, retenait ses plaintes, et tâchait, par instants, de lui sourire ; mais ce sourire même glaçait le cœur. Son front avait été enveloppé d’une toile de lin, à travers laquelle suintait un sang noirci ; ses paupières, gonflées par la douleur, ne pouvaient plus s’ouvrir, et son haleine sortait avec un sifflement funeste de ses lèvres déjà blanchies.

Arvins, abîmé dans son désespoir, retenait ses sanglots de peur d’ajouter aux souffrances de sa mère ; mais les quelques heures qui venaient de s’écouler avaient sillonné son visage de traces aussi profondes