Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
33
l’esclave.

poignantes tortures de la servitude. Sans pitié, comme toutes les femmes uniquement occupées de leur beauté, Métella se vengeait sur ses esclaves de la moindre blessure faite, dans le monde, à sa vanité. Ses ennuis d’un moment, ses impatiences, ses caprices se manifestaient toujours par quelque punition cruelle infligée à ceux qui la servaient. Elle trouvait alors une sorte de volupté farouche à les voir souffrir sous ses yeux. À la plus légère négligence, elle les forçait de se mettre à genoux et de se gonfler la joue, afin qu’elle eût plus de facilité à les frapper au visage. Morgan, acheté par elle en même temps que Norva, avait déjà passé trois fois par les lanières pour avoir refusé de se soumettre à cette humiliation.

En écoutait ce récit, Arvins fut forcé de reconnaître que le hasard l’avait encore favorisé en le faisant l’esclave du sybarite Corvinus.

Cependant Nafel venait d’apprendre la punition à laquelle Arvins avait été condamné ; il profita d’une visite du maître à sa bibliothèque pour solliciter la grâce de l’enfant. Corvinus fit signe qu’il l’accordait, et le jeune Celte fut délivré de ses entraves.

Il put alors conduire sa mère dans un lieu écarté, où tous deux reprirent leur entretien avec plus de liberté.

Pendant quelques heures, Norva et son fils oublièrent complétement leur situation. Ils parlaient de l’Armorique dans la langue du pays ; ils rappelaient les circonstances de leur vie passée, les noms de ceux