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au bord du lac.

Il était tout entier à son désespoir, lorsqu’il entendit son nom répété à quelques pas. Tout son sang s’arrêta ! Il avait cru reconnaître cette voix ! Il détourna la tête… Une femme s’élança vers lui ; c’était Norva !

Arvins fut un moment sans rien voir, sans rien entendre, et comme évanoui de joie dans les bras de sa mère ! Jamais si grande émotion n’avait remué ce jeune cœur. Quant à Norva, elle était folle de bonheur ; elle riait et sanglotait à la fois ; battant des mains comme un enfant, et couvrant son fils de baisers.

Ce premier délire de tendresse apaisé, Arvins fit connaître le motif du châtiment qu’il subissait ; en apprenant qu’elle en était la cause involontaire, la pauvre mère recommença ses caresses et ses pleurs.

L’enfant s’efforça de la consoler. La joie de la voir avait complétement éteint son indignation ; il ne songeait plus à la fourche ni aux chaînes qui le garrottaient ; il eût consenti à demeurer ainsi pendant sa vie entière, pourvu qu’il pût voir près de lui sa mère et recevoir ses embrassements.

Norva s’assit à ses pieds et lui raconta, à son tour, comment, après avoir appris le nom et la demeure de son maître, elle avait fui de chez Métella sans songer à autre chose qu’à trouver le palais de Corvinus pour le revoir. Elle l’interrogea sur tout ce qu’il avait fait, tout ce qu’il avait pensé pendant cette longue année de séparation. Quant à elle, elle avait épuisé les plus