Pendant que l’interprète donnait ces explications, au jeune Celte, le Germain était entré dans le triclinium, où Corvinus se trouvait à table avec le préteur. Les autres esclaves s’arrêtèrent sur le seuil. Arvins se mêla à eux pour voir ce qui allait se passer.
Le Germain s’approcha d’abord du maître qui lui mit la main sur la tête, et dit :
— Je veux que cet homme soit libre et jouisse des droits de cité romaine.
Alors un licteur placé derrière le préteur toucha trois fois l’esclave de son faisceau ; Corvinus le saisit par le bras, le fit tourner sur lui-même, et lui appliquant un léger soufflet :
— Va, dit-il en riant, et rappelle-toi que, lorsque je serai ruiné, tu me devras une pension alimentaire comme mon affranchi.
Le Germain se retira, et les esclaves, pour prendre congé de lui, le menèrent boire à la taverne voisine.
Ce que venait de voir Arvins donna un autre cours à ses idées, et fit naître en lui un nouvel espoir. Jusqu’alors, il n’avait songé qu’à retrouver sa mère, et qu’à se consoler avec elle des douleurs de l’esclavage ; mais il se sentit enivré à la pensée qu’ils pouvaient encore tous deux recouvrer la liberté.
Avec cette résolution ferme et prompte qui caractérisait tout ceux de sa race, le jeune Celte se décida aussitôt à préparer leur commune délivrance, en même temps qu’il continuerait ses recherches. Il n’ignorait pas combien le but auquel il tendait serait