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au bord du lac.

quelques heures. Aussi, plusieurs mois se passèrent-ils sans qu’il pût rien apprendre sur le sort de Norva.

Triste et découragé, l’enfant cherchait en lui-même par quel moyen il pourrait rendre ses perquisitions plus fructueuses, lorsqu’un spectacle dont il fut témoin vint changer toutes ses préoccupations.

§ 4.


Un soir qu’Arvins était assis sur le seuil des remises, le visage dans ses mains et les coudes appuyés sur ses genoux, il entendit de grands cris de joie. Un Germain, dont il avait souvent remarqué la diligence et la sobriété, sortait du logement des esclaves la tête rasée, et entouré de ses compagnons, qui le félicitaient. Tous se dirigeaient vers l’habitation principale.

— Qu’y a-t-il donc ? demanda Arvins étonné.

— C’est le Germain que l’on va affranchir, répondit l’interprète.

— Que dites-vous ? s’écria le jeune Celte ; un esclave peut-il jamais recouvrer la liberté ?

— Lorsqu’il la paye.

— Et comment se procurer assez d’argent pour cela ?

— En imitant ce barbare, qui, depuis trois années, ne fait qu’un repas sur deux, afin de vendre la moitié de son diarium, travaille la nuit et économise les moindres profits. Il a réussi, en mettant denier sur denier, à ramasser un pécule de six mille sesterces, avec lequel il a payé son affranchissement.