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au bord du lac.

de roses de Pestum, abandonnées par les convives, jonchaient toujours le seuil, et un parfum de festin s’exhalait sans cesse des soupiraux entr’ouverts. Chaque matin, une foule de clients remplissaient le vestibule pour recevoir la sportule ou distribution journalière de cent quadrans[1], par laquelle le patron s’assurait leurs voix aux élections des magistratures. Lui-même se montrait quelquefois à ces faméliques courtisans, passant au milieu d’eux d’un pas nonchalant, et la tête penchée vers l’esclave nomenclateur, qui lui répétait à l’oreille le nom de chacun.

Le reste du jour était consacré aux promenades à pied, sous les portiques du Forum, ou, en char, sur la voie Appienne. Puis venait le repas du soir, auquel accouraient les parasites, et qui se prolongeait le plus souvent jusqu’au jour.

La table de Claudius Corvinus était citée pour sa délicatesse. Il faisait partie de ce sénat de mangeurs qui avaient proposé des prix publics à ceux qui inventeraient de nouveaux mets ; et son cuisinier, acheté au prix énorme de deux cent mille sesterces[2], était le même auquel l’illustre gourmand Apicius avait fait présent d’une couronne d’argent comme à l’homme le plus utile de la république. Aussi le triclinium de Corvinus était-il toujours garni de convives appartenant aux plus nobles familles ou aux plus hautes magistratures de Rome.

  1. 1 fr. 17 cent.
  2. 40,916 fr. 66 cent.