les lieux, je vais te conduire au chef des écuries pour qu’il te donne ses ordres.
Arvins se rendit avec l’interprète près de l’esclave chargé des équipages ; celui-ci fit connaître au Carthaginois quelles seraient les fonctions de l’enfant, et son conducteur lui transmit ces explications. Lorsqu’il eut achevé :
— Je n’ai plus à te faire qu’une recommandation, ajouta-t-il, c’est de garder toujours le silence devant le maître, lorsque tu auras appris la langue latine. Il est si fier avec ses esclaves, qu’il ne leur adresse jamais la parole. Lorsqu’il leur commande, c’est par signe ou en écrivant sur ses tablettes. Maintenant, tu peux aller chercher ton diarium ou ration journalière, puis tu te mettras au travail.
Tout ce qu’Arvins venait de voir et d’entendre était si nouveau pour lui, que sa douleur en fut, sinon diminuée, du moins suspendue. Mais ce fut bien autre chose lorsqu’il vit sortir, au milieu de ses clients, des joueuses de flûte et des prêtres saliens, Claudius Corvinus, revêtu de la toge de pourpre, les cheveux parfumés de cinnamome, les bras polis à la pierre ponce et tout chargés d’anneaux incrustés de pierres précieuses. Il ne s’était jamais fait l’idée de tant d’opulence. Telle était en effet, à cette époque, la vie des riches patriciens de Rome, que leurs maisons ressemblaient moins à des demeures privées qu’aux cours efféminées des plus puissants rois de l’Asie. On n’y entendait que la voix des chanteurs ; des couronnes