Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
au bord du lac.

— Adieu, cria celui-ci en étendant la main vers lui.

Et son bras resta longtemps sans se baisser, car il cachait à la foule curieuse la pâle tête de Norva !

§ 3.


L’affranchi qui avait acheté Arvins était l’intendant d’un des plus riches patriciens de Rome. Claudius Corvinus avait hérité, il y avait seulement quelques années, de deux cents millions de sesterces[1], dont la plus grande partie était déjà dissipée. Aussi citait-on sa maison comme l’une des plus somptueuses du mont Cœlius. Les parquets en étaient de marbre de Caryste, les colonnes de bronze, les statues d’ivoire, et les bains de porphyre. On y trouvait autant de salles de banquet, ou triclinium, que de saisons, et les lits de ces salles étaient de citre incrusté d’argent, les coussins de duvet de cygne, les housses de soie de Babylone. Tous les murs avaient été tendus d’étoffes attaliques ; des voiles de pourpre brodés d’or étaient suspendus au-dessus des tables de festin.

Lorsque l’affranchi arriva avec l’enfant à ce palais splendide, il sonna à une porte de bronze : l’ostiarius sortit de sa loge où il était enchaîné près d’un molosse, et ouvrit avec empressement ; le conducteur d’Arvins fit alors demander le Carthaginois.

C’était l’interprète chargé de se faire entendre des

  1. 41, 906, 666 fr. 40 cent.