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au bord du lac.

— Je vous quitterai, Monsieur, dit Frédéric d’une voix triste, mais ferme, quand je serai convaincu que je vous serai inutile ; mais j’espère que ce jour n’arrivera pas sitôt. Songeons à vous, Monsieur : peut-être le danger qui vous menace n’est-il point aussi imminent que vous le supposez. Ma jeunesse me rend encore bien inexpérimenté dans les affaires ; cependant, si j’osais vous donner un conseil, je vous dirais de ne point trop vous hâter dans vos déterminations ; pour quiconque regarde longtemps et attentivement, le remède est bien souvent à côté du mal.

— Je crois qu’il n’y en a aucun pour moi, reprit M. Kartmann en secouant tristement la tête ; tous deux, du reste, vous jugerez mieux cette question quand vous aurez vu mes livres particuliers ; eux seuls peuvent constater ma position.

Et il les ouvrit devant eux.

Frédéric les parcourut avec distraction. La question ne pouvait plus être dans une erreur de chiffres ; il connaissait la grande cause du mal et songeait déjà aux moyens de le réparer.

Rentré dans sa chambre après avoir pris congé de M. Kartmann, il se jeta tout égaré sur un fauteuil. Dans quinze jours, répétait-il, tous les comptes de la maison seront en règle et cet établissement en vente. Quinze jours, mon Dieu ! rien que quinze jours ! Comment, dans un temps si court, résoudre un tel problème, perfectionner des machines de manière à rendre la fabrication moins coûteuse et les produits