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l’apprenti.

dant la sienne au jeune ouvrier. — Tu es un noble cœur. Je connais jusqu’au moindre détail de cette affaire. J’avais agi imprudemment, mon ami, car quelqu’un de moins honnête que toi eût pu me perdre ; mais je te remercie de ta probité. Aujourd’hui tu n’es plus un enfant ; d’après tous les rapports que m’ont faits tes professeurs, et d’après ce que je vois moi-même, tu ne dois pas continuer à rester contremaître. À partir de demain tu viendras habiter ma maison ; ma table sera la tienne ; tu continueras à partager les leçons de mes enfants et tu recevras des appointements conformes à ta nouvelle position.

Dès le lendemain, en effet, Frédéric fit ses adieux à la bonne femme Ridler, qu’il ne quitta point sans verser quelques larmes, car son bonheur ne lui faisait point oublier combien elle avait été bonne pour lui ; aussi, continua-t-il à se montrer reconnaissant des soins qu’elle lui avait donnés et ne manqua-t-il jamais chaque semaine de venir visiter sa vieille hôtesse en lui apportant quelque présent.


§ 8.


Plusieurs années s’écoulèrent encore sans que la situation de Frédéric subît de graves modifications. Son intelligence, qu’il avait continué à appliquer, soit à des études d’art, soit à des travaux positifs, avait pris un développement remarquable ; et notre petit ouvrier, qui, douze ans auparavant, ne connais-