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au bord du lac.

— Vous devez avoir alors dans vos cartons une grande partie des machines de cette maison.

— À peu près toutes, Monsieur.

— Je serais curieux de les voir.

Frédéric ouvrit obligeamment son carton et présenta ses dessins à l’étranger. Après que celui-ci les eut examinés avec la plus scrupuleuse attention :

— Je ne vois point dans tout cela, objecta-t-il, l’épure de la grande machine que M. Kartmann a reçue d’Angleterre il y a environ deux mois ?

— Nous devons la copier après-demain, Monsieur.

— Dites-moi, mon ami, pouvez-vous me donner une copie de ces dessins ?

— J’ai bien peu de temps à moi ; cependant, s’ils peuvent vous être agréables, je tâcherai de les copier.

— Je tiendrais surtout à avoir la nouvelle machine dont je vous parlais ; mais comme le temps a de la valeur, j’entends vous payer ce travail. Tenez, continua-t-il en lui présentant trois pièces d’or, voilà d’abord un à-compte, plus tard nous nous entendrons pour un prix plus élevé.

La vue de cet or fit tressaillir Frédéric et éveilla en lui un soupçon ; on ne pouvait lui payer aussi chèrement des dessins dont on n’aurait point voulu faire usage. Ces épures allaient sans doute servir à la confection de machines qui créeraient une fatale concurrence pour son chef, qui amèneraient sa ruine peut-être !… Le pauvre enfant frémit à la pensée du mal