Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.
233
l’apprenti.


§ 5.


M. Kartmann étant sorti pour s’assurer que toutes les mesures étaient bien prises, Frédéric demeura seul dans la pièce où il l’avait conduit. Il eût bien voulu voir son frère, mais sous quel prétexte sortir ? où le trouver ? Un instant il pensa à tout avouer au patron ; mais peut-être François avait-il changé de résolution et ne devait-il plus prendre part au crime ! dans ce cas, l’aveu de Frédéric l’eût déshonoré sans utilité ! Le pauvre enfant résolut d’attendre l’événement, se confiant à la bonté de Dieu.

M. Kartmann rentra enfin. Tout était disposé pour prévenir le vol. Les commis et quelques contremaîtres de la fabrique étaient placés en embuscade sur les différents points de la cour où donnaient les croisées du comptoir, et ils étaient en nombre suffisant pour se rendre facilement maîtres des voleurs. M. Kartmann conduisit alors Frédéric au comptoir : l’enfant suivit sans observations, espérant que le hasard lui fournirait l’occasion d’être utile à François s’il devait venir.

Une heure à peu près s’écoula sans que rien annonçât l’arrivée des ouvriers, heure d’angoisses horribles pour Frédéric, que le plus léger bruissement faisait tressaillir. L’obscurité et le silence qui régnaient dans l’appartement lui faisaient mieux comprendre la gravité de la circonstance et le glaçaient d’épouvante ;