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au bord du lac.

Rien ne peut peindre sa douleur lorsque, abandonné à lui-même, il eut fait l’inspection rigoureuse de sa prison et se fut assuré qu’il n’y avait aucun moyen de fuir.

Il se laissa tomber sur une chaise où il resta quelque temps dans un accablement désespéré ; puis, se levant, il se mit à parcourir la chambre tout égaré. Les pensées se succédaient rapidement dans son esprit. Il eût donné la moitié de sa vie pour pouvoir prévenir M. Kartmann du péril qui le menaçait et pour détourner François du crime qu’il était près de commettre : il voyait son bienfaiteur et son frère sur le point de se perdre l’un par l’autre sans pouvoir les avertir ni les sauver.

Plusieurs heures se passèrent, pour lui, dans des alternatives d’abattement et de désespoir. À la fin il fut pris d’une espèce de fièvre d’angoisse. Malgré le froid rigoureux de l’hiver il sentait son front brûler. Il ouvrit la fenêtre et vint s’y accouder, espérant que l’air du dehors le soulagerait. Il resta pendant longtemps dans la même position, regardant vaguement et suivant de l’œil, sans les voir, les nuages qui passaient dans le ciel. Après avoir erré sur tous les objets environnants, ses regards vinrent enfin s’attacher à un tuyau de cheminée qui se trouvait à une des ailes de la maison ; pendant quelque temps ils suivirent avec une distraction indifférente les tourbillons de fumée qui s’en échappaient. Mais tout à coup l’enfant tressaillit, il se pencha en avant et regarda avec anxiété ;