Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.
229
l’apprenti.

Il se fit un silence subit parmi les ouvriers.

— D’où vient ce cri ? demanda-t-on.

— Il est parti de la chambre même.

— Il y a quelqu’un ici.

Les perquisitions ne furent pas longues, et Frédéric se trouva bientôt en présence des comploteurs. On l’interrogea pour savoir ce qui l’avait porté à se cacher ; il l’expliqua brièvement.

— Tu as entendu tout ce qu’on vient de dire, n’est-ce pas ?

— Oui, répondit Frédéric.

Alors s’éleva entre les ouvriers un débat sur la question de savoir ce que l’on ferait de l’enfant. Il y eut contre lui des imprécations, des menaces, et l’on alla même jusqu’à dire que le plus sûr était de s’en débarrasser ; mais cette proposition, qui avait pour but d’effrayer Frédéric, le laissa sinon tranquille, du moins résolu. Enfin, il fut convenu qu’on l’enfermerait pour s’assurer de son silence jusqu’au lendemain. La difficulté était de trouver un lieu convenable. Un des ouvriers proposa une mansarde qu’il occupait dans l’établissement ; il fit observer qu’elle était reléguée dans une partie de la maison qui ne servait point à l’exploitation, et n’avait qu’une croisée donnant sur une petite cour où l’on n’entrait jamais. Cette proposition fut acceptée. On monta un escalier désert, on traversa un long corridor étroit et on poussa Frédéric dans la chambre en fermant la porte à double tour.