étaient taries en elle. La veuve Kosmall, c’était le nom de la mourante, avait lutté pendant plusieurs années contre les plus dures privations, et avait usé un corps naturellement robuste dans un travail qui eût demandé des forces surhumaines. À la mort de son mari elle était restée chargée de deux enfants, dont l’aîné avait à peine quatre ans ; ce n’avait été qu’en accumulant fatigues sur fatigues, misères sur misères, qu’en attendant bien souvent le salaire du lendemain pour satisfaire la faim du jour, qu’elle était parvenue à élever ses deux orphelins. Depuis longtemps déjà elle sentait que sa vigueur l’abandonnait ; mais quand les forces lui manquèrent entièrement pour le travail, la plupart des personnes qui lui fournissaient de l’ouvrage, ignorant la cause de ce qu’elles appelaient sa négligence, cessèrent de l’employer. Encouragée et soutenue, la pauvre femme fût peut-être parvenue à surmonter son mal ; ainsi repoussée, la lutte lui devint impossible. Un soir, en rentrant plus accablée que de coutume dans sa mansarde, elle jeta un regard sur le bûcher et sur le buffet, vides tous deux, et dit à Frédéric, le plus jeune de ses fils :
— Garçon, Dieu peut-être aura pitié de nous ; mais ces jours-ci ne compte point sur moi, car je me sens bien malade. Tu es un bon travailleur, ton chef de fabrique t’aime ; quand il saura que toi et ton frère vous manquez de tout, il ne te refusera pas une avance. Je sais que c’est dur à faire, ces demandes ;