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au bord du lac.

— Dieu ne doit juger que là où la sagesse des hommes fait défaut, dit-il ; et pour le présent, c’est au conseil à décider.

— Sur mon salut ! si j’osais parler devant de si savants hommes, dit Jeanne, je demanderais pourquoi la dame de Varennes n’est point appelée ? chaque femme reconnaît son sang.

Les membres du conseil firent un signe d’assentiment ; ils se consultèrent un instant, et après avoir fait retirer le moine et Remy derrière une tapisserie, ils envoyèrent chercher la maîtresse du château.

Celle-ci se présenta, accompagnée de son aumônier : c’était une femme de quarante ans, qui avait été belle, mais pâlie par les chagrins et les austérités. Elle portait le grand habit de veuve avec les coiffes et les voiles. Avertie qu’il s’agissait de son fils, elle accourait éperdue, et son premier cri demanda où il était. Le chancelier s’efforça de la calmer.

— Celui qui réclame ce nom n’a pas encore prouvé son droit de le porter, dit-il.

— Ah ! qu’il vienne, reprit vivement la dame de Varennes, je suis sûre de le reconnaître.

— Et comment ? demanda l’archevêque.

— En l’interrogeant sur son enfance, reprit la mère ; en lui montrant le château dans lequel il a été élevé… ou plutôt… Non, j’ai un autre moyen, messires, un moyen infaillible : la prière de sainte Clotilde.

— Une prière ?

— Transmise de mère en mère dans notre famille,