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au bord du lac.

garde les deux voyageurs. Elle pria, de plus, le chevalier Jean d’Aulon, son écuyer, de leur procurer des chevaux, les encouragea par quelques pieuses paroles, puis rejoignit la suite du roi.

Restés seuls, le Père Cyrille et Remy adressèrent d’abord une fervente prière à Dieu pour le remercier du secours inespéré qu’il leur avait envoyé.

Cependant, si le péril était passé, la plus sérieuse épreuve leur restait encore à subir ; dans quelques heures le sort de Remy allait se décider, et à cette pensée, tous deux tremblaient involontairement. Tant qu’ils avaient été loin du but, les difficultés de la route avaient absorbé toute leur attention, et occupé uniquement leur énergie ; ils ne s’étaient point préoccupés des moyens par lesquels ils prouveraient la réalité des droits de Remy ; les preuves qui leur avaient suffi pour croire leur semblaient également suffisantes pour persuader ; mais, le moment venu de faire valoir ces preuves, ils commencèrent à craindre et à douter ! Les affirmations de Remy, appuyées par la déclaration du chevrier qui l’avait recueilli, suffiraient-elles pour convaincre la dame de Varennes d’abord, puis les gens qui devaient examiner l’affaire ? Le sire de Flavi ne ferait-il point prévaloir ses soupçons intéressés ? Le Père Cyrille, qui avait vécu parmi les hommes trop peu pour déjouer leurs complots mais assez pour les craindre, se sentait surtout inquiet du résultat de l’examen.

Ils chevauchèrent tout le jour l’un près de l’autre, et