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le chevrier de lorraine.

damnable science réveilla donc tous ses anciens désirs, et il promena autour de lui un regard avide.

L’espèce de souterrain dans lequel il se trouvait était garni de tous les objets mystérieux employés par la sorcellerie : chaudières de différentes dimensions pour préparer les philtres, touffes de cheveux qui pouvaient se changer en pièces d’or, miroirs d’acier poli dans lesquels l’art magique vous montrait les absents, baguettes de coudrier destinées à diriger les nuées, effigie de cire ayant au cœur de longues épingles d’acier qui devaient amener la mort de celui qu’elle représentait, ossements humains, cordes de pendu, têtes de vipère pour les onguents qui changent votre forme. Mais ce qui frappa surtout les yeux du Père Cyrille fut un énorme crapaud, prisonnier sous un globe de verre. Il portait, sur le dos, le petit manteau de taffetas indiquant qu’il avait été baptisé par un prêtre sacrilège, et sur la tête une sorte de crête brillante.

L’attention curieuse du moine n’avait point échappé à la vieille, et elle l’augmenta encore en déclarant à haute voix, sous forme de menace, les différents dons que lui donnait son art.

Remy, au comble de la terreur, voulut s’élancer vers la porte d’entrée ; mais le Père Cyrille, dont épouvante était mêlée d’émerveillement, le retint.

— Reste, s’écria-t-il, reste et signe-toi ; la puissance du démon ne peut prévaloir contre le symbole de la Rédemption. Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit-