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le chevrier de lorraine.

Le jour commençait alors à paraître, et Jeanne aperçut que le messager et Exaudi nos se tenaient près d’elle ; elle tressaillit comme si leur vue eût subitement réveillé son souvenir, et appelant Jean de Metz :

— Savez-vous, messire, pourquoi ces deux méchants garçons se trouvent à ma droite et à ma gauche ? demanda-t-elle.

— Pourquoi serait-ce, sinon pour vous servir de conducteurs ? répliqua le gentilhomme.

— Comme vous dites, reprit Jeanne. Reste seulement à savoir où ils veulent me conduire.

— Vers le roi, sans doute.

— Vous répondez à leur place ; mais moi, j’ai une autre idée, et puisqu’ils ne veulent rien dire, je parlerai pour eux.

— Pour nous ! répétèrent les deux hommes surpris.

— Tout à l’heure, nous allons rencontrer une rivière, reprit Jeanne.

Le messager et l’archer firent un mouvement.

— Sur cette rivière se trouve un pont sans parapet.

Ils tressaillirent.

— Ces deux hommes doivent prendre la bride de mon cheval, sous prétexte de le conduire…

Ils devinrent pâles.

— Et quand nous serons au milieu, ils me pousseront au plus profond de l’eau ! N’est-ce pas là ce dont vous êtes convenus pour vous débarrasser de celle