Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
l’esclave.

regrets ; il devinait que l’avenir pèserait encore plus lourdement sur elle, faible et bientôt vieille, et il cachait avec soin ses propres tortures.

La vue de Rome et de ses monuments ne fit pas diversion à la douleur de Norva. Les riches palais, les superbes temples de la ville par excellence passèrent devant ses yeux comme des ombres ; mais Arvins, que sa jeunesse mettait à l’abri de ces chagrins sans trêve qui forcent l’âme à creuser toujours le même sillon, fut frappé des merveilles qui se déployaient devant lui. Son aspect resta aussi grave ; mais peu à peu l’expression de tristesse qu’on entrevoyait derrière cette gravité fit place à l’étonnement.

La multitude de statues de marbre et de bronze, les temples entourés de colonnes, où le jour produisait tant de magiques effets, les lignes de palais avec leurs riches vestibules frappèrent vivement l’enfant. Il ne pouvait se lasser de voir, au milieu de ces magnificences de l’art, des centaines d’hommes se drapant dans la pourpre, ou que des chars dorés entraînaient avec la rapidité de l’éclair.

Mais, quand il arriva sur le Forum, son étonnement devint de la stupéfaction. Ce que Rome possédait de plus beaux édifices était renfermé dans cette enceinte que surmontait le Capitole. Les yeux d’Arvins couraient d’un temple à l’autre, des basiliques aux statues dorées, et partout c’était la même élégance, la même splendeur ! Le jeune Armoricain se