Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
au bord du lac.

perdu tout petit, et qu’elle est devenue veuve dernièrement ; si bien que, dégoûtée du monde, elle a voulu quitter la cour où elle est dame d’honneur, en abandonnant ses domaines à son cousin le sire de Flavi. Elle était près de se retirer dans un couvent, quand, il y a deux mois, on lui a dit que son fils vivait.

— Son fils !

— Oui ; il avait disparu, voilà environ dix ans, sans qu’on pût savoir ce qu’il était devenu. On avait seulement soupçonné les juifs de l’avoir enlevé pour leurs maléfices…

— Et l’on s’était trompé ? demanda le frère Cyrille, évidemment intéressé.

— Peut-être, reprit l’archer ; car un bohémien, mort dernièrement à la ladrerie de Tours, a déclaré que c’était lui qui l’avait enlevé au parvis Notre-Dame.

Le moine et Remy tressaillirent.

— Au parvis Notre-Dame ! répétèrent-ils en même temps.

— Le jour de la Pentecôte, acheva Exaudi nos.

Le jeune garçon ne put retenir un cri.

— Ça vous étonne ? continua l’archer, qui se méprit sur la cause de son émotion, c’est pourtant chose commune ; les robeurs d’enfants sont aussi nombreux à Paris que les pourceaux de saint Antoine.

— Et après son enlèvement, le fils de la dame de Varennes ne fut-il pas emmené en Lorraine ? demanda le Père Cyrille.