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au bord du lac.


§ 3.


Les occupations du frère Cyrille le mettaient en continuels rapports avec les herbiers et les droguistes de Vassy, et le plus souvent c’était Remy qui servait de messager pour les demandes à faire, les substances à acheter, les instruments à emprunter. Il avait aussi parfois des commissions pour les docteurs en chirurgie, qui consultaient le moine dans les cas difficiles, mais plus rarement pour les médecins ; car ceux-ci haïssaient Cyrille, qu’ils accusaient tout haut d’arabisme, c’est-à-dire de préventions en faveur de la médecine arabe, et auquel ils reprochaient tout bas de leur enlever la plupart de leurs clients.

La réputation du frère amenait, en effet, au couvent un grand nombre de malades, qui s’en allaient presque toujours soulagés ou guéris.

Un jour, que Remy revenait de Vassy, il trouva à la porte du monastère un soldat qu’il reconnut sur-le-champ pour un archer à son habit de cuir et à son casque sans cimier. Seulement, contre l’habitude de ses pareils, il était à cheval et sans autre arme que l’épée accrochée derrière son haut-de-chausses.

En s’approchant, le jeune garçon s’aperçut qu’il était blessé à la jambe.

— Vous cherchez le Père Cyrille ? demanda-t-il au soldat.