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le chevrier de lorraine.

il s’en vantait lui-même, que de l’art par excellence, celui de la guerre !

Le sire d’Hapcourt, resté sans ressources et couvert de blessures, après quarante années passées sous le harnais, avait été reçu parmi les moines en qualité d’oblat. On donnait ce nom à de vieux soldats sans asile, que certains couvents devaient recevoir et entretenir sans en exiger autre chose que d’assister aux offices de la communauté, et de suivre ses processions l’épée au côté. L’oblat de Vassy, qui avait été grand batailleur dans son temps, se plut à développer les instincts guerriers de Remy. Il lui prêta son vieux cheval, l’arma d’un bâton coupé dans le taillis voisin, et lui enseigna à s’en servir tour à tour comme d’une lance, comme d’une épée ou comme d’une hache d’armes. Il lui fit mettre ensuite pied à terre et lui apprit à combattre de loin, de près, corps à corps. Les moines prenaient plaisir à voir des exercices qui rappelaient à plusieurs leurs jeunes années ; mais le Père Cyrille s’indignait de ces vols faits à l’étude des nobles sciences.

— Très-bien ! s’écriait-il chaque fois qu’il surprenait Remy recevant des leçons de l’oblat ; j’espérais en faire un docteur, messire d’Hapcourt m’en fera un soudard !

— C’est pour la santé, mon révérend, et afin d’aider à la digestion, disait le vieux gentilhomme en souriant.

Le frère Cyrille haussait les épaules et répondait aigrement :