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le chevrier de lorraine.

la robe retroussée, les lunettes sur le nez et tenant à la main une de ces cornues de verre employées par les philosophes hermétiques pour leurs expériences.

Le jeune garçon, qui avait entendu parler en termes effrayants de la science du frère Cyrille, fut frappé de ce singulier accoutrement, et demeura muet devant lui.

— Eh bien, qu’y a-t-il ? qu’est-ce que c’est ? demanda le moine avec une impatience affairée ; on m’a dit que quelqu’un voulait me parler.

— C’est moi, mon révérend, murmura Remy à demi-voix.

— Ah ! fort bien ! reprit le religieux dont les regards se reportèrent sur sa cornue… Et vous venez, je crois, de la part d’un parent ?

— De Jérôme Pastouret.

— C’est cela… un cousin… un brave homme ; et comment se porte-t-il, le cousin Pastouret ?

— Il est mort.

Le moine releva brusquement la tête et tira ses lunettes.

— Mort ! répéta-t-il ; Jérôme est mort ?

— Depuis un mois !

— Ah ! fort bien, répéta Cyrille, pour qui cette exclamation était l’expression ordinaire d’une contrariété ou d’un chagrin ; et de quelle maladie ?

— Je ne sais, reprit le jeune garçon, dont la voix devint moins ferme à ce souvenir ; il s’est couché un soir en se plaignant d’une douleur au côté… Le len-