nation à réduire : ce coin de terre tout couvert de magiques forêts, et que protégeaient des dieux inconnus, était enfin soumis ; on allait voir ce peuple de l’Armorique, si merveilleux par sa force, si étrange dans ses mœurs, dans son culte, et c’était courbé sous la domination romaine qu’il allait apparaître !
Aussi, ce jour-là, tous les instincts du grand peuple étaient-ils agités ; toutes ses curiosités avaient été mises en mouvement ! il trouvait à la fois un triomphe pour son orgueil, un spectacle pour ses loisirs. Parfois cependant, dans cette foule qu’amassait une même pensée, on entendait surgir quelques mots de regret ; c’étaient les plus pauvres qui, au milieu de la joie publique, s’attristaient de n’avoir pas quelques milliers de sesterces peur acheter un Armoricain !
Vers la quatrième heure (dix heures du matin), les promeneurs se rangèrent sur deux haies : le cortège de prisonniers commençait à passer sous la porte Aurélia et à traverser les rues de la ville.
Plus de six mille Celtes, portant au front la double attestation de leur liberté perdue, une couronne de feuillage et une indicible expression de douleur, défilèrent devant la nation souveraine. Toutes les souffrances réunies se laissaient entrevoir dans leurs regards et dans leurs attitudes. Ils ne marchaient pas seulement le cœur brisé par d’inutiles désespoirs, les souffrances du corps venaient se joindre à celles de l’âme. La fatigue de la route et surtout l’influence d’un nouveau ciel les avaient épuisés. Habitués aux